Tu collectionnais les mines
Je collectionnais tes sourires en parsi mini entre deux pages de ma BD
J'enviais les blocs Lego qui effleuraient tes mains couleur bleuet sauvage
Chuuut! Faut pas l’dire pour les bleuets et le désir
Je me mordais la lèvre
J’aurais aimé moi aussi bâtir un monde fictif avec toi
À l'heure du dîner tu dégustais ta solitude en compote de pomme
Moi je t'observais entre deux boîtes à lunch
J'aimais le fait que tu ne portais pas attention
Au-delà des mauvaises langues et des p’tits-cons-crotte-de-nez
Tu portais ton armure de velours
Elle protégeait ton dos des secrets communautaires pas fin
Même si tu n’avais pas de souliers à roulettes
Je te trouvais sa coche
Même bien en haut de cela
Tu n’avais même pas besoin de souliers qui allument
Quand tu marchais c’était mes yeux qui éclairaient comme les pow-pow multicolores dans le ciel de la ronde
Tes coloriages ne dépassaient pas les lignes
J’en tombais de ma chaise-balle-de-tenis à chaque fois
Je voyais que t'aimais le noir dans tes dessins
Je me suis dis que tu pourrais un jour m'aider à l'apprivoiser
Pendant ce temps, j'ai gribouillé des cœurs avec mon style rose à bille pour donner de la couleur à ta noirceur pas nice
Tu gagnais toujours aux échecs
Ça les faisait chier
Pis j’aurais embrassé ta joue rosée une douzaine de fois sans prendre le temps de m’arrêter pour inspirer et expirer
On m’avait dit que c’est parce que tu puais les bananes brunes que tes parents t’aimaient pas
Je bouchais mes oreilles
Je ne voulais pas.
Ça me donnait le goût d’arroser les plantes avec ma peine
J’aurais aimé avoir le courage de Sam dans les Totally Spices
Faire une épée de crayons feutre et te défendre de ceux qui ne savent pas
Transpercer leur méchanceté
Pis te rendre ta fierté
Mais non.
Tu ne parlerais pas beaucoup aux causeries
Ça ne me causait pas de problème
Mais j’aurais aimé que tu me dise que ce n’était pas des vrais bleuets
Pis que tu n’allais pas revenir comme l’automne et la rentré
Maintenant ils gagnent aux échecs
Pis c'est moi que ça fait chier