- Stéphane Demers
Tel que vu à la TV

Un message parfumé dans une bouteille échouée,
Écrit par une belle et mystérieuse inconnue.
Une histoire d’amour et de bonheur,
Remplie de promesses et de matins ensoleillés.
Comme dans mon téléviseur…
Marcher côte-à-côte, main dans la main;
Sourire à belles dents en regardant vers demain.
Viendront ensuite le mariage et de beaux enfants nous ressemblant,
La maison de nos rêves et un petit chien vraiment intelligent.
Comme dans mon téléviseur…
Les soupers en bonne compagnie,
Attablés autour d’un excellent repas entre amis.
Levons nos verres, on est bien ainsi réunis;
Oui, c’est ça la belle vie !
Comme dans mon téléviseur…
Les vacances en famille à la plage;
Des jours heureux, des souvenirs précieux.
Regarder pousser les enfants,
Alors que nos cheveux deviennent blancs.
Comme dans mon téléviseur…
Et je rêve moi aussi de trouver,
Dans une bouteille échouée,
Un message parfumé.
Tel que vu à la TV…
Une blonde, une brune ou une rousse,
Peu m’importe, pourvu qu’elle soit douce.
Qu’elle réconforte mon cœur,
Et agrémente mes heures.
Comme dans mon téléviseur…
Mais rien, nada,
Meilleure chance la prochaine fois !
Une blonde, une brune ou une rousse,
Pourvu qu’elle descende bien et qu’elle mousse.
Car tout ce que je trouve dans ma bouteille, c’est le fond;
Caisse après caisses, alors que mon ventre devient plus rond.
Hé ho matelot !
Il y a de la houle sur les flots…
Une autre bière,
Et vogue la galère !
C’est alors que dans un moment d’égarement, mon état d’ébriété,
J’ai songé à écrire, moi aussi, un message parfumé;
Le mettre dans la bouteille de verre que je viens de vider,
Et ensuite la lancer au loin dans la mer agitée.
Mais à quoi bon?
Courant de déception en déceptions,
Chaque fois je reste planté là,
Tout seul…
…comme un con.
Maudite boisson !
Je dois dégriser;
Ça ne tourne pas rond,
Me voilà en train de délirer.
Illusions et désillusions,
Univers de fiction et de décors en carton.
Personnages en papier mâché,
Comme des pantins manipulés.
Je suis sur le point de me lasser et de tout laisser tomber;
Ça fait bientôt deux heures que je regarde ce film nul à chier.
Pourtant ça avait l’air intéressant à l’endos de la jaquette du DVD;
Intéressant sûrement pour les malaimés et les cas désespérés.
Vive déception amère,
Comme une publicité mensongère.
Trompé et désemparé,
Je demande à être remboursé.
Et je broie du noir…
Mais soudain une étincelle au fond de moi jaillit,
Comme un phare lointain dans la nuit.
Et je constate éblouit, ébahit,
Qu’elle n’est pas si mal, tout seul, ma vie.
Alors que je sors de la brume,
Et que je dépose ma bouteille et mon message,
Directement dans le recyclage,
La petite voix de ma raison me hurle :
Fin de l’émission…
Fermes l’hostie de télévision !!!