Voyage vers l'oubli
- Stéphane Demers
- 2 avr. 2020
- 2 min de lecture

Au cœur de la nuit,
Une voix a murmuré mon nom.
Elle m’a dit de préparer mon âme,
Car il était temps de partir.
Une larme roule sur ma joue,
Maintenant je m’en vais…
J’ai pris la route qui mène au fleuve,
La route que plusieurs prendront un jour.
Pendant des heures j’ai marché,
Marché sans m’arrêter.
Au matin je suis arrivé,
Au lieu de ma destinée…
J’aperçois sur le rivage, à travers les roseaux,
Le Fleuve de la Mort qui s’étend à perte de vue.
La brume se répand à la surface de l’eau,
Et rien ne bouge aux alentours.
Accrochée à une branche sur un arbre,
Une corne servant à appeler le Passeur.
Je saisis la corne et la porte à ma bouche,
Un son étrange s’en échappe et se perd dans le lointain.
Et comme j’attends l’arrivée de celui qui vient me prendre,
Je me laisse aller dans mes souvenirs.
Dans ma tête défile ma vie,
Tel un songe accéléré.
Soudain, un bruit me tire de ma rêverie,
Quelque chose glisse sur l’eau vers moi.
Surgissant du brouillard, la proue d’une barque aux allures lugubres;
Une barque menée par une silhouette vêtue d’une robe noire surmontée d’un capuchon.
Le Passeur debout à la poupe,
À l’aide de sa perche ralentit sa course,
Et l’embarcation s’échoue sur le fond vaseux.
J’embarque et me dirige vers Charon,
Son visage squelettique me sourit,
Et sans dire un mot, il me tend une main décharnée.
Je lui remets 4 pièces d’argent, le prix du passage,
Le prix qu’il faut payer pour traverser sur l’autre rive.
Je prends place à l’avant, tandis que Charon reprend sa perche;
L’embarcation se dégage alors et fait demi-tour.
Je jette un dernier regard sur le rivage qui s‘éloigne derrière moi,
Me voici prêt à sillonner le fleuve.
Je pars pour le Grand Voyage,
Le grand voyage vers l’oubli…
Les brumes éternelles flottant au-dessus des eaux calmes du Styx,
M’enveloppent et me caressent langoureusement.
Seul le bruit de la perche qui heurte l’eau brise le silence,
Un silence lourd et angoissant, qui glace le sang.
La traversée semble ne jamais prendre fin;
Dériver ainsi pour toujours sur le fleuve menant aux Enfers.
Et soudain, apparaissant devant moi dans la brume qui se lève,
L’île du Néant, le séjour des morts.
La barque accoste, et je mets pied à terre.
M’y voici donc rendu sur l’autre rive,
L’Autre Côté dont on ne revient pas…
Sans parler, le Passeur me montre du doigt la direction à suivre.
Le vent souffle et murmure mon nom;
Une voix venue de nulle part me force à avancer.
Je peux voir maintenant un très vieux temple,
Se dresser au milieu d’un feu ardent.
Pour y accéder un pont s’étend devant moi;
Le dernier pas.
Et on m’appelle, on me demande de franchir le pont;
Le passage à travers les flammes rageuses de l’Enfer…
Sur le seuil, il est là, il se tient;
Samaël, l’Ange de la mort m’attend.
C’est lui que j’ai entendu appeler mon nom;
J’ai entendu son appel.
Et alors que j’entre dans le temple,
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