C’était une fin de nuit de noirceur sidérale comme il s’en faisait rarement.
Alors que Soleil venait à peine de se lever, il se rendit compte avec surprise,
Qu’avait disparu Terre, sa douce promise.
Inquiet, il s’enquit auprès de Lune,
Interrompant sa danse orbitale, qui, ce matin-là, semblait déphasée et taciturne.
— Dites-moi Lune, où est Terre ? Je ne la vois pas.
Est-ce encore vous qui me la cachez, lui faisant ombre devant moi ?
— Oh Soleil! Ne m’en parlez point. Je suis si désorientée,
Voire complètement déstabilisée.
Il ne s’agit pas d’une éclipse,
Terre nous a quitté. C’est l’apocalypse!
Une maladie lui a fauché la vie
Et graviter autour d’elle ne m’est plus dorénavant permis.
— Mais qu’est-ce que cette nouvelle ?
Touchée de quelle étrange affection fut-elle ?
— Un microcosme a manié son équilibre;
Virus terrien, je vous le dis, du gros calibre.
Elle a perdu en partie sa biodiversité
Et d’innombrables abus, elle s’est vu infliger.
— Des abus ? Mais quels abus ? Je la croyais indestructible.
N’était-elle pas une guerrière, une invincible ?
— Il semble qu’on prenait plaisir à la déforester,
À profiter de ses richesses et à l’agresser.
La bactérie humaine en est venue à bout.
De résister, elle n’en avait plus la force, voilà tout.
— Elle n’était pourtant pas si âgée que ça!
Quel grand malheur, à 6 milliards d’années, de mériter le trépas.
— Roches, métaux, montagnes, forêts, mers et glaces,
Tous se sont vus disparaître sans laisser, ou peu, de trace.
— Mais c’est horrible Lune! Pourquoi lui avoir fait subir ça ?
— Ils ne croyaient pas en sa vulnérabilité.
Grandement affectée s’est vue sa viabilité.
Épuisée de l’exploitation de ses ressources,
Elle s’est éteinte finissant ainsi sa course.
— Aucun docteur, écologiste ou humaniste ne pouvaient lui porter secours
Et remédier aux assauts cruellement en cours ?
— De la préserver, quelques militants avaient bien essayé.
Mais en vain, l’horloge climatique avait sonné.
— Quelle peine à survivre que de ne plus pouvoir la voir et la réchauffer.
Bien qu’elle fût à 150 millions de kilomètres de moi,
J’ai tant aimé savourer ses teintes de blanc et de bleu,
De ma position dans la voie lactée, non loin et à mille lieues.
— Il ne restera qu’une planète morte et sa poussière,
Boule grise en suspens, flottant dans l’héliosphère.
Rien ne pourra plus nous la faire revenir
Mais gardons-en un précieux souvenir.
Mémoire d’une souveraine étoile verte qui vous tournait autour,
Amoureuse de vos rayons et de vos chaleureux atours.
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