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LE DEUIL DE SOLEIL ET LUNE

Annik Gélinas



C’était une fin de nuit de noirceur sidérale comme il s’en faisait rarement.

Alors que Soleil venait à peine de se lever, il se rendit compte avec surprise,

Qu’avait disparu Terre, sa douce promise.

Inquiet, il s’enquit auprès de Lune,

Interrompant sa danse orbitale, qui, ce matin-là, semblait déphasée et taciturne.

 

—    Dites-moi Lune, où est Terre ? Je ne la vois pas.

Est-ce encore vous qui me la cachez, lui faisant ombre devant moi ?

 

—    Oh Soleil! Ne m’en parlez point. Je suis si désorientée,

Voire complètement déstabilisée.

Il ne s’agit pas d’une éclipse,

Terre nous a quitté. C’est l’apocalypse!

Une maladie lui a fauché la vie

Et graviter autour d’elle ne m’est plus dorénavant permis.

 

—    Mais qu’est-ce que cette nouvelle ?  

Touchée de quelle étrange affection fut-elle ?

 

—    Un microcosme a manié son équilibre;

Virus terrien, je vous le dis, du gros calibre.

Elle a perdu en partie sa biodiversité

Et d’innombrables abus, elle s’est vu infliger.

 

—    Des abus ? Mais quels abus ? Je la croyais indestructible.

N’était-elle pas une guerrière, une invincible ?

 

—    Il semble qu’on prenait plaisir à la déforester,

À profiter de ses richesses et à l’agresser.

La bactérie humaine en est venue à bout.

De résister, elle n’en avait plus la force, voilà tout.

 

—    Elle n’était pourtant pas si âgée que ça!

Quel grand malheur, à 6 milliards d’années, de mériter le trépas.

 

—    Roches, métaux, montagnes, forêts, mers et glaces,

Tous se sont vus disparaître sans laisser, ou peu, de trace.

 

—    Mais c’est horrible Lune! Pourquoi lui avoir fait subir ça ?


—    Ils ne croyaient pas en sa vulnérabilité.

Grandement affectée s’est vue sa viabilité.

Épuisée de l’exploitation de ses ressources,

Elle s’est éteinte finissant ainsi sa course.

 

—    Aucun docteur, écologiste ou humaniste ne pouvaient lui porter secours

Et remédier aux assauts cruellement en cours ?

 

—    De la préserver, quelques militants avaient bien essayé.

Mais en vain, l’horloge climatique avait sonné.

 

—    Quelle peine à survivre que de ne plus pouvoir la voir et la réchauffer.

Bien qu’elle fût à 150 millions de kilomètres de moi,

J’ai tant aimé savourer ses teintes de blanc et de bleu,

De ma position dans la voie lactée, non loin et à mille lieues.

 

—    Il ne restera qu’une planète morte et sa poussière,

Boule grise en suspens, flottant dans l’héliosphère.

Rien ne pourra plus nous la faire revenir

Mais gardons-en un précieux souvenir.

Mémoire d’une souveraine étoile verte qui vous tournait autour,

Amoureuse de vos rayons et de vos chaleureux atours.




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