top of page

Les vieux amants



Tu étais mon roc

mon socle

mon corps moulé 

dans tes murailles diamantées


nous étions des capillaires entrelacés

nos fluides chauds en une osmose phosphorescente

nous ne sommes plus que chairs desséchées

vidées de nos passions évanescentes


tu voyageais sur ma carte géographique

jouissais de sa terre électrique

y laissais tes empreintes

dans nos rivières d’étreintes

poussaient des fleurs de lotus


de ce lieu où je ne suis plus

que par intermittence

trouée par nos absences

je m’abreuve comme si je n’avais jamais bu

à toi que je perds

dans ce désert

je suis devenue fleur de cactus


nos mains cimentées

maintenant fissurées

ton nom gravé dans les crevasses

s’érode et puis s’efface

ma mémoire ne parvient pas à te fossiliser

et tu trembles trop pour me coudre sous ta peau


pourtant je frémis encore à tes mains frêles

à ton haleine

à ta voix blême

on se love

dans cette sensation de déjà-vu

nos sens se souviennent de nous



ma peau est un sac de jute

dont s’étiolent les cordes usées

si tu pouvais en faire un nœud pour me le mettre au cou

mais aussi tu te biodégrades 

tu rétrogrades

 

nos enfants nous ont fait la grâce d’une fin ensemble

de nous perdre peu à peu dans cette ultime chambre


je me fantômise

tu te spectrifises

deuils blancs

nous sommes transparents

plus d’avant

ni de maintenant

envol du temps


qui est ce vieil homme indolent

mort près de moi en me réveillant?




Comments


bottom of page