Les vieux amants
- Stéphanie Turcotte
- il y a 4 jours
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Tu étais mon roc
mon socle
mon corps moulé
dans tes murailles diamantées
nous étions des capillaires entrelacés
nos fluides chauds en une osmose phosphorescente
nous ne sommes plus que chairs desséchées
vidées de nos passions évanescentes
tu voyageais sur ma carte géographique
jouissais de sa terre électrique
y laissais tes empreintes
dans nos rivières d’étreintes
poussaient des fleurs de lotus
de ce lieu où je ne suis plus
que par intermittence
trouée par nos absences
je m’abreuve comme si je n’avais jamais bu
à toi que je perds
dans ce désert
je suis devenue fleur de cactus
nos mains cimentées
maintenant fissurées
ton nom gravé dans les crevasses
s’érode et puis s’efface
ma mémoire ne parvient pas à te fossiliser
et tu trembles trop pour me coudre sous ta peau
pourtant je frémis encore à tes mains frêles
à ton haleine
à ta voix blême
on se love
dans cette sensation de déjà-vu
nos sens se souviennent de nous
ma peau est un sac de jute
dont s’étiolent les cordes usées
si tu pouvais en faire un nœud pour me le mettre au cou
mais aussi tu te biodégrades
tu rétrogrades
nos enfants nous ont fait la grâce d’une fin ensemble
de nous perdre peu à peu dans cette ultime chambre
je me fantômise
tu te spectrifises
deuils blancs
nous sommes transparents
plus d’avant
ni de maintenant
envol du temps
qui est ce vieil homme indolent
mort près de moi en me réveillant?
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