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J'compte les dodos

Sandrine Demers

J'ai émietté des coquillages sur le bord du rivage

Des milliers de morceaux pour des milliers de raisons

J'en ai laissé tomber au gré des saisons pour que tu puisses un jour me rejoindre en suivant les brisures

Comme Hansel et Gretel

En mi-août ou en début février

Lorsque la vie va t'avoir rapporté tout neuf

Sans aucune écorchure

Cette fois

Tu m'as dit à ton départ où mes yeux étaient incontinents qu'un jour on se reverrait

Que les saisons allaient s'écouler

Que le temps allait filer à petites et grandes pincées

Depuis, je ne perds pas espoir comme je ne perds jamais le nord

Je tiens mes miettes d'espérance aux creux de mes paumes en manque de proximité

Je les tiens à l’abri du vent

Je ne voudrais pas que les promesses de ton retour partent à gambader dans le nowhere

Je prends maintenant mes précautions

Je saupoudre les trottoirs et mes journées grises de ton retour

Ma patience, mon cœur en confiture de fraises et moi t’attendons

J'ai choisi les coquillages pour rendre les retrouvailles des plus festives

Je sais aussi que tu les aimais, tu les parsemais sur ta commode avec quelques orchidées et sur des colliers de perles

Je les ai aussi choisi pour camoufler les miettes de mon cœur qui ont couvert le pavé durant quelques étés

Cela aurait parut bien triste


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