Jetée hors du Paradis, tu tombes du ciel.
On t’a retiré ton auréole, on t’a coupé les ailes.
Te voilà abandonnée, seule. Aucun signe de rédemption ne t’a été montré.
Sur ta vie s’étend le blanc linceul, recouvrant ton présent, voilant ton passé.
Tu as perdu ton sourire, tes yeux ont cessé de luire.
Ton visage s’est assombri, tu as perdu ton étincelle de vie.
Et tu pleures toutes les larmes de ton corps, car on t’a fait du mal, on t’a causé du tort.
Plutôt que d’être livrée à ce sort, tu aurais sûrement préféré la mort.
La vie mortelle est faible et misérable, emplie d’instants d’impuissance, d’apitoiement.
Tu te crois en cause, tu te sens coupable. En ton cœur tu ressens un profond tourment.
Seule, tu fais face à la Nuit; personne pour te guider.
Tu marches et tu fuis, perdue, égarée, ne sachant où aller.
Mais, je suis ici moi aussi. Jadis bafoué, mis de côté.
Je suis le Gardien de la Nuit, victime d’une triste réalité.
Prends ma main et viens, je t’accompagnerai sur ton chemin.
On a tous besoin d’un ami, dans nos moments de soucis.
Ange déchu, âme égarée, tiens-toi à mes côtés.
Nous ferons face à la nuit, ensemble nous affronterons tes ennuis.
Nous avons ouvert nos cœurs, semant autour de nous le bonheur.
Nous avons rendu le sourire, à ceux qui n’avaient plus le goût de rire.
Nous avons séché les larmes des malheureux, les consolant dans leurs instants de tristesse.
Nous avons été là pour eux, partageant leurs moments de détresse.
Nous avons tendu la main, à ceux qui se trouvaient dans le besoin.
Nous avons tout donné.
Mais nous, qu’avons-nous récolté?
Nous sommes des âmes égarées, aux cœurs meurtris, aux cœurs brisés.
Nous sommes des âmes perdues, aux espoirs détruits, aux rêves déçus.
Nous sommes des âmes égarées, des âmes perdues. Rien de moins, rien de plus.
Errant en ce monde à la recherche d’un peu de bonheur,
À la recherche d’un peu d’amour et de tendresse à nos heures.
Mais, qui a conscience de notre misère? Qui a conscience de notre calvaire?
Cesserons-nous un jour de souffrir en silence? Aurons-nous aussi notre chance?
Ange déchu au cœur brisé, tiens-toi à mes côtés.
Fais face à la nuit, la vie se poursuit.
L’enfer est pavé de tes malheurs; y sont confinées tes heures de noirceur.
Ta rage est grande contre celui qui t’a trahi; celui qui t’a tourné le dos, qui t’a jetée ici.
Créée et née à l’image d’une déesse, tu t’es transformée en une diablesse.
Tu ne peux retenir les démons qui te rongent de l’intérieur, qui te tourmentent et obscurcissent ton cœur.
Et tu déverses le fiel de tes mots; tes paroles sont souillées par le venin de la colère.
Coulant de tes lèvres comme de l’eau, ton ressentiment il faut que tu le libères.
Ange déchu, âme égarée, tiens-toi à mes côtés.
Brève est la vie mortelle, pour les anges rebelles.
Ceux qui ont compris que le salut est l’indifférence;
Ceux qui préfèrent ignorer que de souffrir en silence;
Ceux qui ont fait abstraction de leur culpabilité;
Ceux qui ont laissé loin derrière leur passé;
Ceux-ci sont heureux…
Lorsque tu auras retrouvé ta joie de vivre, ton sourire,
Je saurai alors que ma mission est accomplie.
Doux à mes oreilles sera l’écho de ton rire,
Et m’illuminera l’étincelle de ta vie.
Mes efforts n’auront pas été vains, et de moi, tu n’auras plus besoin.
Je reprendrai alors mon chemin, et toi, tu poursuivras le tien.
Garde les portes de l’enfer juste une nuit de plus;
Ton tourment et ta peine bientôt ne seront plus.
Car le matin t’apportera la lumière, et tu relèveras la tête, fière.
Étincelle dans cette noirceur, émerge de l’ombre.
Purifie ton âme et ton cœur, chasse tes idées sombres.
Oublie le passé, regarde vers demain.
Continue d’avancer, un nouveau jour vient.
Renais, reviens à la vie. Émerge et revis!
Légère, prend ton envol; au matin, en sa brume frivole.
Et moi, je marche seul de par les sombres chemins…
Messer Satanas