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Nostalgie tricotée



La saison des pulls en laine colorés est à nos portes. Les petits matins frisquets ont tranquillement remplacé les chaleurs suffocantes de la saison estivale.


Je prends une gorgée de ce doux nectar qu’est mon café, cet élixir qui réchauffe mon âme perdue dans ce tourbillon épidémique. Assise au bout du quai, je regarde cette étendue d’eau qui me semble infinie, ou est-ce que je confonds avec les larmes qui roulent sur mes joues.


Mon cerveau cogite dans tous les sens. Cet automne, il n’y a pas l’ombre d’un voyage au soleil comme à mon habitude, ce petit temps de pause juste avant les festivités de Noël. D’ailleurs, est-ce que Noël sera au rendez-vous cette année ?


Mes yeux se détachent doucement de cette ligne d’horizon qui me garde captive depuis je ne sais pas combien de temps. En remontant ma manche, je croise l’écriture à l’encre indélébile qu’elle a écrite il y a déjà quelques années : « je suis là »; bien sûr qu’elle n’est pas là avec moi, même si je le voudrais bien. Dans mes écouteurs, sa voix me berce doucement comme quand j’étais enfant. Je réalise depuis un certain moment à quel point j’ai peur de perdre ceux que j’aime. C’est profond, à la limite de faire mal tellement c’est ancré au fond de moi. Moi qui n’ai jamais eu peur d’avancer, moi qui suis toujours en train de regarder loin devant les autres sans jamais me retourner. J’ai soudainement cette peur incontrôlable et viscérale, mais largement irréaliste. La peur de les oublier le jour qu’ils ne seront plus là, la peur de l’oublier elle, celle qui m’apaise quand je me mets à tourbillonner comme une plume dans un ouragan.


Comment fait-on déjà pour ne pas oublier ? Comment fait-on pour accumuler les saisons sans peur ? L’automne me réjouit habituellement, est-ce que c’est ma trentaine ou la pandémie qui me tourmente autant... je ne sais pas, mes yeux se lèvent à nouveau et voilà que le rose et bleu semble ne faire qu’un, je sens mon corps entier s’apaiser comme si elle était là.


Rédigé par : Joannie GP

Révisé par : Garbielle Landry-Demers

Crédit photo: Marie-Joëlle Dionne


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